Plan climat de l’agglomération Rambouillet Territoires : une honte pour le sud-Yvelines !
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C’est une obligation réglementaire imposée par la loi : toutes les
intercommunalités doivent voter et mettre en œuvre un ensemble cohérent de mesures pour lutter localement contre le dérèglement climatique, pour garantir la qualité de l’air et pour développer les énergies renouvelables. C’est le « plan climat, air, énergie territorial ».

Le dispositif a été voté nationalement il y a six ans maintenant. Six ans, la durée d’un mandat pour les maires et autres élu·e·s des collectivités. Pas grand chose, il faut croire, pour les membres de l’exécutif de notre agglomération, une éternité pour le climat.

Ce lundi soir nous a été présentée la seconde mouture du plan climat de Rambouillet Territoires qui, depuis sa première version de 2014, attend toujours un début de mise en œuvre concrète. Des heures de travail d’experts et de cabinets ont été nécessaires pour produire plus de 450 pages d’analyse et de propositions pour faire du sud- Yvelines un territoire qui réduit ses émissions de gaz à effet de serre, qui protège ses populations contre les pollutions atmosphériques et qui s’engage enfin dans
la transition énergétique. Tout a été consigné dans les rapports, tout a été
détricoté dans le texte soumis au vote du conseil par un exécutif de
l’agglomération qui veut une écologie « pragmatique ».


Pragmatique, voilà un terme à la mode qu’on nous vend comme synonyme
d’efficacité et de proximité. Il faut croire, à la lecture du plan d’action finalement adopté, que « pragmatisme » signifie en réalité ne rien faire, poursuivre l’urbanisation et continuer à soutenir une agriculture industrielle qui abîme les paysages, l’air, l’eau, les animaux et les agriculteurs eux-mêmes. Pragmatisme, un élément de langage derrière lequel l’agglomération se retranche pour enfoncer toujours plus dans la dépendance quotidienne à la voiture celles et ceux qui n’ont pas la chance d’habiter pas trop loin d’une gare. Pragmatisme encore quand il s’agit d’oublier la dimension économique et sociale qui accompagne forcément la lutte contre le dérèglement climatique et pour la transition énergétique.


Pourtant, ce sont plus de trois millions d’euros par an qui sont inscrits dans ce plan climat/air/énergie. Comment de tels montants de dépenses sont-ils
possibles sans rien faire ou presque pour le climat ? Le tour de passe-passe est simple. Il suffit de basculer artificiellement dans le plan des montants qui existent déjà et qui sont en réalité destinés à tout autre chose, pourvu qu’on puisse leur donner un nom qui sonne bien. C’est ainsi que l’eau potable et l’assainissement deviennent la « protection des captages ». Ainsi renommés, les 2,1 millions d’euros annuels destinés aux châteaux d’eau, aux stations d’épuration et à leurs canalisations basculent dans la lutte contre le dérèglement climatique. En une écriture comptable le plan climat affiche une envergure inespérée. Les captages continueront à pomper et à traiter l’eau, les châteaux d’eau à la stocker et les stations à l’épurer avant retour à la rivière, mais de protection des captages il n’en est pas question. On aurait pu espérer à la lecture de l’intitulé que « protection des captages » aurait signifié des actions pour protéger les nappes phréatiques des pollutions agricoles – engrais et pesticides qui nous coûtent si cher en traitement pour rendre l’eau potable et qui produisent des particules fines polluant l’air de notre agglomération. Le lien avec l’air et le climat aurait été évident. Rien de tout cela n’est prévu.


Même opération pour les 280 000 € annuels du budget prévention des
inondations et gestion des milieux aquatiques qui bascule opportunément dans le plan climat. Idem pour Tornado, le projet de véhicules autonomes de Renault, dont les 130 00 €/ans de subventions viennent au secours de ce plan climat maigrelet. Dans le plan, le financement déjà bien réel de Tornado se range désormais dans la catégorie « pour une mobilité moins polluante », à coté du futur budget pour les cyclistes et les piétions. Ce dernier est quatre fois moins important que la subvention à Tornado et ne comporte aucune action concrète. C’est pour l’instant de l’encre sur du papier, rien n’oblige à le dépenser. Pourtant, beaucoup d’entre nous utilisons le vélo ou voudrions nous y essayer en sécurité et tout le monde se déplace à pied à un moment ou à un autre, alors que Tornado ne transporte personne (et qu’il n’est pas près de le faire). Il faut croire que le « pragmatisme » ne consiste pas à donner la priorité aux actions qui concernent le plus grand nombre.


Le plan climat/air/énergie de Rambouillet Territoires se résume donc
finalement à des bornes électriques, des mini-bus autonomes sans pilote et sans passagers, des études (encore et toujours) des brochures de sensibilisation et de la communication.

Pour le climat, l’air et la transition énergétique dans le sud- Yvelines, c’est un énorme raté. Restent les données précieuses et les nombreuses
propositions pour notre territoire contenues dans les rapports remis par les
experts. Il faut nous en emparer, élu·e·s des communes, associations, habitantes et habitants du sud-Yvelines et continuer à les porter et à les mettre en œuvre partout ou cela est possible. Tant d’inertie et d’aveuglement face à l’urgence climatique et environnementale ne doivent pas nous décourager mais au contraire nous pousser à l’action.

Le climat ne peut plus attendre.